Deux enfants dans un bateau tiennent chacun une oie capturée Trois enfants souriants à la table avec de la viande d’orignal. Deux Aînés sont à l’arrière-plan.Deux enfants dans un bateau tiennent chacun une oie capturée Trois enfants souriants à la table avec de la viande d’orignal. Deux Aînés sont à l’arrière-plan.

Au camp Mind Your Food à Frobisher Lake (SK). (Photo de gauche par Rebecca Sylvestre, 2023; photo de droite par Jazz Moise, 2023.)

Du temps sur le territoire

C’est la tombée du jour. Dans quelques heures, le coucher de soleil se reflétera dans le lac. Le tipi et le refuge ne seront plus que des silhouettes contre le ciel. 

Les campeurs et campeuses profitent au maximum des dernières lueurs du jour. Comme pour les camps des années précédentes, les jeunes se retrouvent avec les Aîné·e·s, les membres de leur famille et les chasseurs, à discuter tranquillement au coin du feu. 

Mais trois personnes manquent à l’appel. Tôt ce matin-là, deux garçons sont partis chasser avec Dwayne, l’un des chasseurs. Ils ont pris le bateau de pêche du camp et ne sont pas encore revenus.

« On se demandait ce qui se passait », se souvient Rebecca Sylvestre. Rebecca est la responsable de programme du Centre communautaire d’alimentation (CCA) Turnor Lake and Birch Narrows, qui gère les camps. Chaque année, elle se joint aux jeunes, aux Aîné·e·s et aux chasseurs pour passer du temps sur le territoire. 

« Et puis les voilà qui arrivent. Ils avaient des oies et un orignal dans leur bateau ! Ils étaient vraiment contents. »

Bienvenue à Mind Your Food (MYF), un programme d’activités pratiques axées sur l’alimentation pour favoriser la santé mentale chez les jeunes. Grâce à MYF, les jeunes améliorent leurs compétences autour de la nourriture, développent une fierté à l’égard de leur identité culturelle et renforcent leurs liens avec leur communauté.

Le camp MYF est organisé dans sept collectivités par des organisations alimentaires communautaires qui font partie de notre réseau de partenaires. Parmi elles, on compte cinq organisations au service des Autochtones, dont trois sont dirigées par des Autochtones. En organisant le camp MYF, ces organisations autochtones permettent de combler une importante carence : au Canada, les jeunes autochtones n’ont que peu d’options en matière de soutien à la santé mentale adapté à leur culture. 

C’est pourquoi le CCA Turnor Lake and Birch Narrows organise le camp d’été MYF d’une semaine pour les jeunes autochtones. 

Ce camp, qui diffère du format habituel de 11 semaines de MYF, permet aux jeunes de faire un séjour intensif sur le territoire. Au lac Frobisher, dans le nord de la Saskatchewan, les jeunes se rassemblent pour apprendre auprès des Aîné·e·s. En allumant des feux et en développant la confiance, ils parlent de sujets tels que le deuil et la violence domestique, et ils se rapprochent de leur culture. Ils cuisinent et mangent ensemble. Et comme les deux garçons qui sont revenus avec un orignal et des oies, ils chassent.

Se remémorant le camp de l’année dernière, Rebecca évoque la fierté des deux garçons lorsqu’ils sont retournés auprès de leurs camarades. « Les deux garçons étaient si fiers lorsqu’ils ont remonté le lac. Ils ont dit ‘‘Prends une photo de moi. Peux-tu l’envoyer à ma mère ?’’ C’est la partie dont je suis la plus fière. » 

Mais pour Rebecca, les camps MYF ne servent pas seulement à inculquer la fierté. Le temps passé sur le territoire a également un objectif plus important. « Beaucoup de nos cultures sont en train de disparaître, mais ce pour quoi nous nous battons si fort, c’est pour que nos enfants aient une relation avec la terre. »

« Les camps sont donc très importants, poursuit-elle. Parce que le gouvernement nous a également dit “Si vous n’utilisez pas le territoire, alors nous le prendrons.” Nous devons montrer à nos enfants que même s’ils aiment être sur le territoire, il faut continuer à nous battre pour lui, et ce, pour les générations à venir. » 

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