Gauche à droite : Sommet alimentaire (photo Gilad Cohen, 2022); marché de Portapique (photo Portapique Market, 2024); banque alimentaire KAF (photo KAF, 2022).
Le réseau, une communauté
En 2014, Centres communautaires d’alimentation du Canada a lancé un appel : nous mettons sur pied un réseau d’organisations alimentaires communautaires – voulez-vous vous joindre à nous ?
La première année, 37 organisations se sont jointes. Et dix ans plus tard, ce réseau de partenaires – les Organisations pour la bonne nourriture – a décuplé. Il est devenu une communauté de pratique conviviale où les membres peuvent apprendre et échanger des connaissances.
Prenons l’exemple du Dr Godwin Ude, directeur général de Kingdom Acts Foundation (KAF) à Surrey (C.-B.). En 2022, Godwin a suivi l’un des cours que Centres communautaires d’alimentation du Canada offre au réseau, soit celui sur la transformation des banques alimentaires. Au départ, il se demandait comment répondre à la demande de la collectivité pour la banque alimentaire de KAF, car il croyait qu’il n’y avait pas assez de nourriture pour nourrir tout le monde. « Mais pendant le cours, on m’a dit ‘‘Non, pense différemment. Pense à l’abondance.’’ Ça m’a vraiment marqué. »
La KAF a donc développé ses réseaux d’approvisionnement en nourriture. Elle s’est également efforcée d’obtenir de plus grandes quantités d’aliments. Et pour faciliter cette expansion, elle a reçu des fonds pour l’achat d’un camion réfrigéré.
« Nous sommes passés de quelques centaines de personnes par mois à près de 14 000 personnes par mois », explique Godwin.
La même année où Godwin a suivi le cours de transformation des banques alimentaires, un autre changement s’est opéré à Portapique (N.-É.).
Cela faisait deux ans qu’un tireur y avait commis la fusillade la plus meurtrière au Canada. Après le drame, la communauté a dû affronter le deuil et le traumatisme sans aide psychologique adéquate.
Entre en scène l’organisme Maggie’s Place, un autre membre de notre réseau de partenaires, qui aide les familles de la région. L’organisme souhaitait accroître le soutien offert : « Le village de Portapique est très isolé et rural et ne bénéficie d’aucun soutien communautaire », explique Ashley Swan, coordonnatrice des programmes.
Ayant obtenu une subvention de l’un des programmes de financement que nous proposons à nos partenaires, Ashley a mis sur pied le marché de Portapique. D’abord un marché fermier à bas prix, il est « devenu en quelque sorte un centre communautaire » pour le village, explique Ashley. Le marché accueille d’autres organismes qui offrent par exemple des services en santé mentale à la population. Et puisque certaines zones de la municipalité n’ont pas accès à Internet, le marché propose aussi un cybercafé.
Faire partie d’une communauté bienveillante. C’est une chose à laquelle les organisations alimentaires communautaires attachent également de l’importance. Dix ans plus tard, le réseau que nous avons créé demeure une communauté solidaire pour notre secteur.
Nick Saul, PDG de Centres communautaires d’alimentation du Canada, résume bien la situation : « Nos partenaires tentent de remédier au fait que beaucoup de nos voisins et voisines se retrouvent devant un frigo vide. Cette situation est inadmissible. Mais il est bon de faire partie d’une communauté de gens qui le comprennent et qui travaillent ensemble pour garantir le droit universel à l’alimentation. »